Le Grand Palais, un monument à la mémoire?
Le GRAND Palais n'a jamais aussi bien porté son nom!
MONUMENT (A)
Depuis une semaine, les visiteurs ébahis découvrent entre stupeur et émerveillement, l'impressionnante installation de Christian Boltanski: PERSONNES .
Monument comme ode à la mémoire, car c'est bien de ça qu'il s'agit. Se remémorer mais quoi? Un événement? Une personne aimée? L'artiste ne donne pas de réponse précise: aucun cartel pour accompagner son œuvre. Le visiteur est seul face à l'installation ou plutôt face à lui même.
La scénographie n'est pas sans rappeler l'horreur des camps de concentrations où les corps sont vidés de leurs âmes, réduits à des numéros, comme ces petites boîtes empilées comme autant de cercueils rouillés à l'entrée de la nef.
Personnes? Il n'y a personne!
Les hommes vidés de tout sont réduits à leur enveloppe matérielle, ou plutôt ici à leurs vêtements comme seuls témoins de leur passage sur terre.
La mémoire collective s'accompagne alors d'un vide intérieur.
Un froid glacial accompagne la déambulation entre les vêtements étendus et les poteaux électriques rythmée par des battements de cœur assourdissants. Nous sommes dans un autre monde. Ces sensations sont étranges et dérangeantes. Des réminiscences de la visite du camp Terezin s'empare de moi: même
froid, mêmes douleurs, mêmes angoisses, mêmes questions surviennent
avec violence.
Un monstre de mécanique surgit alors pour extraire de la montagne de tissus quelques vêtements, emprisonnés, le temps d'une minute à peine, entre ses griffes de fers avant d'être rejetés en l'air.
Qui choisit de nous ôter la vie? Main de dieu? Destin?Fuyons! fuyons vite!
Cette installation se visite non pas comme une exposition mais plutôt comme une expérience saisissante. Boltanski touche en plein cœur avec ce MONUMENT gigantesque.
IMPRESSIONNANT!