Franchise postale

La semaine dernière, j'ai eu le plaisir de découvrir Pierre Richard sur scène au théâtre de La Pépinière... Dans cette petite salle, parisienne, un rang devant moi,  le critique de Laurent Ruquier pour l'émission On n'est pas couché , Eric Nauleau. Me voilà engouffrée dans la brèche: je vais écrire un article qui sera sans doute en contradiction avec la mine triste du critique littéraire.

Je me lance!

Dans un décor minimaliste où le sol est jonché de lettres, Pierre Richard répond au courrier de ses admirateurs, plus farfelus les uns que les autres. L'occasion de retracer un parcours de comédien haut en couleurs (premiers pas sur les planches, Charles Aznavour, Brassens, mai 68, Jean Carmet...) ponctué par les notes d'une contrebasse. Avant que la lumière ne se fasse sur scène, il y a d'abord toutes les images de Pierre Richard qui ramènent avec elles des souvenirs d'enfance. Ce personnage un peu gauche au regard bleu attachant, ce prince maladroit qui nous fait rire malgré lui, notre albatros du cinéma français. C'est avec espoir que l'on souhaite retrouver ce camarade familier. Il apparaît de temps à autre dans quelques passages très drôles où la gestuelle d'un mime Marceau rejoint le comique de situation. Mais cela serait réducteur de s'arrêter uniquement aux instants "rires" du spectacle. Car monter sur scène c'est tisser un lien spécial, intime avec chaque spectateur de la salle, l'émotion n'est jamais loin. On découvre alors la faille sous le sourire du clown. Ce n'est pas une adaptation théâtrale d'une sempiternelle variation sur le thème cinématographique du Grand blond. Celui qui s'en tient à la façade sera déçu. Aller plus loin, voilà au contraire ce qui est intéressant. Le pari était risqué mais l'enjeu en valait la peine. Le comédien déploie ses multiples palettes et convainc. Le texte de Christophe Duthuron fait la part belle aux anecdotes de tournage pour partager avec le public ces souvenirs précieux d'une vie d'acteur parcourue de belles rencontres. Pierre Richard nous prouve une fois encore l'immensité de son talent.

Comments

[promnad]

Après justement l'émission de Ruquier, j'avais un doute. Croyant au personnage, je craignais le texte. D'autant que l'extrait n'était pas très probant. Mais il est vrai qu'il faut laisser le temps au lien (entre comédien et spectateur) de se tisser. Merci. Je pense qu'avec cette "critique" je vais me laisser tenter. Bonne soirée