Poursuivons le Mewar Festival d'Udaipur avec un autre film sur la condition des femmes: Water
Proverbe indien sur les veuves: "veuve, taureaux, marches glissantes (...) évitent-les et la libération t'appartient"
Résumé (allo-ciné): Le film se déroule dans l'Inde coloniale de 1938, au moment où Gandhi arrive au pouvoir. L'histoire commence le jour où Chuyia, âgée de 7 ans, perd son mari et est envoyée dans une maison où les veuves hindous vivent en pénitence. Agées de 18 à 80 ans, ces femmes "paria" à la tête rasée, mendient pour manger et passent leur temps à prier en attendant la mort. L'arrivée de cette enfant curieuse et innocente va affecter la vie des autres résidentes. Et notamment celle de Kalyani, une belle veuve qui tombe amoureuse de Narayan, un jeune idéaliste, disciple de Gandhi. Peu à peu, la présence de Chuyia va ébranler tout ce qu'elles se sont résignées à accepter et les pousser à se révolter contre la tyrannie de ce mode de vie dépassé et controversé.
Un vrai coup de coeur pour ce film!
Chaque femme, chaque veuve de ce refuge témoigne de l'horreur des mariages de force. De nombreuses d'entre elles sont devenues épouses, étant enfants, puis veuves. La prière et les fêtes religieuses ryhtment leurs vies. Il y a une joli scène de la fête du holi où les veuves se jetent des couleurs. Elles ont peu ou pas de contact avec l'extérieur, elles sont des "intouchables" : traitées comme des pestiférées par la population, elles portent malheur. Elles doivent faire face à la superstition et l'ignorance de la population. Mises au ban de la société, rejetées par leurs familles, elles sont réduites à la prostitution ou à la mendicité. Elles développent alors entre elles un bel esprit de solidarité lors de l'arrivée de Chuya. La petite fille les remet dans le chemin de la vie dans cet univers de solitude où la mort plane. Celle-ci réplique: "être à moitié morte, c'est être à motié en vie".
Une lumière voit le jour lorsque Gandhi pose la question des intouchables.
Parallèlement on découvre l'influence occidentale dans les maisons riches, les distractions de salon anglais contraste avec la misère des veuves. La cruauté du mariage et de la condition des femmes est résumée en quelques phrases lorsque Narayan, le jeune idéaliste amoureux dit à sa mère qu'il a trouvé sa future épouse. Le mariage révèle au grand jour les problèmes liés au statut social et au racisme: première question de la mère à son fils "Est-ce que je la connais?" ; deuxième question "A-t-elle le teint pâle?". Lorsque le jeune homme lui dit qu'elle est veuve c'est l'incompréhension et la colère de la part de sa mère.
J'ai aimé l' eau (water) comme fil conducteur à la narration: le fleuve, la purification; puiser l'eau, faire la lessive, la pluie. Cette 'eau omniprésente qui mène à la vie comme à la mort. La fin du film est poignante mais je ne vous en dirai pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de cette découverte.