«Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d'un jeune homme d'une extraordinaire beauté physique, devant lequel, à peu de distance, se tenait assis le peintre lui-même, Basil Hallward, celui dont, il y a quelques années, la disparition soudaine a, sur le moment, tant ému le public et donné lieu à d'étranges conjectures.» Or Dorian Gray, jeune dandy séducteur et mondain, a fait ce voeu insensé : garder toujours l'éclat de sa beauté, tandis que le visage peint sur la toile assumerait le fardeau de ses passions et de ses péchés. Et de fait, seul vieillit le portrait où se peint l'âme noire de Dorian qui, bien plus tard, dira au peintre : «Chacun de nous porte en soi le ciel et l'enfer.» Et ce livre lui-même est double : il nous conduit dans un Londres lugubre et louche, noyé dans le brouillard et les vapeurs d'opium, mais nous ouvre également la comédie de salon des beaux quartiers. Lorsqu'il parut, en 1890, il fut considéré comme immoral. Mais sa singularité, bien plutôt, est d'être un roman réaliste, tout ensemble, et un roman d'esthète - fascinants, l'un et l'autre, d'une étrangeté qui touche au fantastique.
Mon avis:
Ce livre m'a profondément marquée à l'adolescence. Pourquoi? parce qu'il s'agit d'une quête de soi à travers sa propre image. Notre Dorian Gray, influencé par le pervers Lord Henry, fait un pacte avec le diable qui lui permet de vivre tous les excès que l'on s'interdit. par acquis sociaux. Il expérimente tous les dangers qui tentent à la puberté sauf que lui n'y met aucune limite, jusqu'à basculer dans la luxure et le crime. Mais c'est également une réflexion sur le temps, notre anti-héros semble gagné par le syndrome de Peter Pan et refuse de vieillir. OIl scrute son portrait pour voir son âme . Il est en perte totale d'identité. Ce qui m'a paru également intéressant c'est toutes les réflexions que Oscar Wilde, en grand dandy, émet à propos de l'art et de la création. Son écriture cynique m'a envoûtée! J'ai vraiment aimé cet univers sombre et ses conversations de fumoir. Ce livre m'a par ailleurs fait pensé par son aspect fantastique à un autre livre que j'adore, La peau de Chagrin de Balzac.
Plusieurs adaptations ont vu le jour au cinéma. Pour ma part j'ai adoré la vieille version en noir et blanc. Remasterisée il y a peu le tableau de Dorian apparaît en couleur dans toute sa beauté cauchemardesque!
Une autre version plus contemporaine a été projetée sur les écrans, je ne l'ai pas encore vu mais je vous conseille d'aller lire l'avis de Niki à propos des deux adapations (celle d'Alber Lewin et d'Olivier Parker ).
Cette relecture s'inscrit dans le cadre d'une lecture commune
avec Anne (De poche en poche) , Valou (Les quotidiennes de Val), Del. (Bookophiles) Reveline (La bibliothèque à nuages)
Vous trouverez quelques citations du Portrait de Dorian Gray ici (sous la présentation des lectures communes)