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L'Ogresse de Paris
14 février 2013

ARRRGH! Monstres de mode à la gaîté lyrique

Atopos, c'est une sacrée équipe! Un collectif grec avec à sa tête  Vassilis Zadianakis et Angelos Tsourapas qui a eu cette idée un peu folle de présenter la mode sous l'aspect de monstres, terrifiants ou sympathiques qui auraient envahis la Gaîté lyrique, en cassant quelques murs au passage.

58 créateurs sont réunis autour de 80 costumes, poussant un peu plus loin la réflexion sur le character design qui avait été entamé avec l'exposition Pictoplasma (2011).  La gaîté lyrique continue donc à explorer les frontières entre numérique, mode et design qui créent de nouveaux personnages dans nos sociétés contemporaines.


La scénographie ici est très ludique et plait aux petits et aux grands, car comme le dit Vassilis: "C'est avec des yeux d'enfants qu'il faut voir cette exposition".

Ainsi, rien d'étonnant à ce nom d'exposition étrange, une onomatopée comme titre, un enfant n'aurait pas choisi autre chose après avoir vu le petit film diffusé dans la salle à 360°: Arrgh c'est ce cri que l'on pousse à la vue d'un monstre. Moi, cela me fait penser au super dessin animé Monstres & cie, où les monstres se cachent sous les lits des enfants pour leur faire pousser les cris les plus forts possibles afin de récupérer l'énergie qui alimentera l'électricité de la ville des monstres.

Mais, si on va audelà du côté amusant, voilà également de quoi s'interroger avec ces figures anthropomorphes sur les questions du corps (la métamorphose, le bizarre, le monstrueux, l'hybridation) et du costume (le masque, le travestissement).

Le monstreux, c'est ce qui est inconnu, étrange, surprenant. Cet autre peut déranger car par contraste il questionne directement notre identité. L'étymologie grecque d'ailleurs décrit le monstre comme une chose étrange et inexplicable. En cela, le monstre est proche du divin.

Pourtant aujourd'hui, le monstre est plutôt le "freak", celui qui est tenu à l'écart, en marge de la société. On peut penser aussi au fou.  Cela nous rappelle à quel point la mode est en lien avec l'image de soi que l'on montre aux autres, le statut social que l'on tient. De toutes époques, le vêtement a permi de véhiculer une image: c'est un outil de communication visuel. C'est pour cela que les codes sont aussi importants.

On pourrait croire alors que le masque ou le costume est un outil pour camoufler son corps: il n'en est rien! Bien au contraire, il révèle une part de notre personnalité.

Cette question du masque et du costume est passionnante et pourrait être abordée sous bien des angles.  On peut ainsi utiliser le masque en art thérapie. On peut également penser au jeu chez l'enfant et au déguisement. Il y a aussi les rituels chamaniques où le masque devient un objet sacré,  le lien entre le divin (ou les ancêtres) et les hommes.

Le costume qui revêt donc toute son importance aujourd'hui est virtuel , c'est l'avatar: un alter ego fascinant mais inquiètant pour les autres car dissimulé. L'internaute joue au super-héros masqué: par le net, cet  autre moi graphique est une identité choisie, mystèrieuse, souvent aliée avec un  pseudo à la manière d'un nom de scène. La question de la théâtralité dans l'expo est d'ailleurs soulignée par le prêts de certains costumes par l'opéra de paris (de drôles de sapins). Ce qui n'est pas sans rappeler les origines de la gaîté lyriques, un théâtre d'opérette!

 

Dans cette idée le  costume choisi est un espace de liberté: le vêtement est une expression de soi, d'un aspect de sa personnalité.  Mais le vêtement, si il revêt son caractère sociétal, peut également être source de souffrance en s'inscrivant dans un carcan très spécifique. Comme nous l'avons dit, la couleur peut être symbolique et différente selon les coutumes: le blanc du mariage sera selui du deuil pour d'autres cultures (en Inde par exemple on se marie en rouge).

Le vêtement ou l'accessoire peuvent être des outils de transformation du corps, et par la même de torture. On pourrait penser à la femme girafe d'afrique, aux pieds bandés des  chinoises, aux corsets, ou encore aux talons vertigineux qui modifient la silhouette.  En poussant plus loin la transformation du corps on pourrait également penser à la mutation biologique ou encore les prothèses.

Les aficionados de la mode seront peut être un peu déçus de ne pas retrouver sur les cartels les indications sur les textiles. Mais taffetas, lin ou coton? cela n'a pas d'importance de savoir en quoi ses monstres sont faits: ce sont des chimères, ils sont faits de rêves! Mais c'est justement ce qui est intéressant je trouve, c'est que cette expo n'est pas une expo de mode mais une expo qui raconte des histoires autour du vêtement.

De toutes façon, pour les curieux il y a toujours le centre de ressources qui propose des compléments bibliographiques et surtout les vidéos des défilés dont descendent ces monstres de mode: c'est ainsi aussi l'occasion de voir les monstres en mouvement!

 

 

Si aimez vous faire gentiment peur, courez à la gaîté lyrique!

 

 

PS: bientôt les croquis!



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Commentaires
C
c'est passionnant !!!<br /> <br /> Tu me donnes vraiment envie de la voir , cette expo !
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