Hommage à Edouard Glissant
Mourir, Non mourir
Les parfums ont tari sur les plages de mes étoiles.
L'écume des hauteurs n'éblouit pas, le livre est là, et sa moisson.
Livres d'allées où l'eau est rare, livre des Morts et des Léthés, en ce pays du nord occupé de vendanges, souterraines ô souterraines.
Ouvre, les nuits sont splendides au Livre. (La mort mesurait ses fruits et son sel. L'été de la nuit alumait l'été.)
J'apprends, j'apprends qu'il y a eu bataille, après quoi l'amour ne revient, elle est morte; et le champ est désert, il n'y eut pas de combattant, mais une seule éternelle défaite.
Et vois l'eau de la toilette des morts; l'épouse l'a nappée sous les pas du clergé.
La Mort et ses nochers sont abjurés
De laisser au coeur la mer immense qui commence.
Edouard GLISSANT, Le sang rivé (1947-1954), Saisons